dimanche 18 avril 2021

Mes 7 trucs pour ne pas me ruiner à l'épicerie

 

J'aime ça faire des listes !!! Tellement pratique pour organiser ses pensées !

Cette semaine, j'ai décidé de partager mes trucs pour ne pas me ruiner à l'épicerie malgré les prix qui montent toujours plus vite toujours plus haut, le tout sans sacrifier la qualité ni les apports nutritifs de ce que je donne à mes fils en pleine croissance et en plein développement.

Désolée, lecteur européen, cet article ne te concerne pas directement, mais peut-être qu'il pourra tout de même te donner des pistes de réflexion ou de changement d'habitudes.

Dans un sens, je m'excuse également auprès des québécois qui ne pourront appliquer ces trucs à cause de leur emplacement géographique. Je suis consciente qu'ils s'appliqueront bien plus facilement dans les grandes villes que dans les villages où le choix d'épicerie est restreint ou même inexistant.

Ensuite, il faut savoir que malgré mes 35 ans, mes débuts en cuisine familiale sont très récents : seulement deux ans !

Eh oui, pendant toute ma vie en couple avec le papa de mes garçons, ç'a toujours été lui qui gérait 100% de l'alimentation familiale (achats, planification et préparation des repas, TOUT! Même quand c'est moi qui allais à l'épicerie, il me faisait une liste dans l'ordre des rayons du magasin, c'est pour dire que je reviens de très très loin!). C'est donc en ayant cuisiné moins de 10 recettes dans toute ma vie que je me suis retrouvée seule dans ma propre cuisine, sans personne pour y penser à ma place. Toute une adaptation, croyez-moi !

Puisqu'il était impensable pour moi de mal nourrir mes petits, j'ai vite trouvé quelques astuces pour que le tout reste simple pour moi et bon pour eux. J'aime bien cuisiner mais pas toujours, parfois vraiment pas ! En plus, je suis une des personnes les moins patientes de la Terre, alors passer des heures à lire toutes les circulaires, faire 5 épiceries différentes chaque semaine, c'est NON.

Alors, voici les trucs que j'utilise depuis ces dernières années, qui sont dorénavant intégrés dans ma vie quotidienne et qui ne me demandent plus d'effort pour être mis en place.

 

1. Prévoir ton menu avant d'aller à l'épicerie

Il n'y a rien de pire pour le budget (et souvent aussi pour ta santé) que d'aller à l'épicerie sans savoir comment les repas et leur préparation seront planifiés dans ta semaine. Bien souvent, on achète sans réfléchir des trucs qui nous font envie sur le moment, sans se demander dans quelle recette on va les intégrer. Ben oui, c'est logique, si tu n'as pas de recette prévue, tu ne peux pas savoir ce que tu vas y mettre! 

Pas plus tard que la semaine dernière, j'ai fait l'erreur de me croire au-dessus de ce conseil et j'y suis allée freestyle, résultats: ça m'a coûté bien plus cher que d'habitude (pas loin du double!) et je me retrouve avec un tas de trucs pas rapport dans mon frigo...

Selon moi, c'est LA règle de base. Je te jure, si tu suis ce conseil scrupuleusement même sans appliquer les suivants, je suis certaine que tu vas économiser.

 

2. Utiliser les applications gratuites spécialisées

Flashfood (pour les magasins Maxi et affiliés) ou Foodhero (l'équivalent pour les enseignes Métro ou IGA) permettent d'acheter à moitié prix des produits dont la date de péremption approche ou des surplus d'inventaire. Des boîtes de fruits et légumes un peu abîmés ou défraîchis, des douzaines d'oeufs incomplètes (10-11 œufs dans la boîte), des produits laitiers, véganes, de la viande, bref, un tas de choses qui coûtent habituellement très cher.

Malheureusement, l'adhésion des enseignes à ces applications est très inégales selon les régions. N'hésitez pas à en faire la demande dans vos magasins locaux, plus vous serez nombreux plus vous aurez de chance que ça soit implanté. Les produits disponibles sont également aléatoires, il faut aller voir souvent ce qu'il y a de disponible pour ne pas manquer d'aubaine.

Ça fonctionne de façon très simple: tu télécharges et installes l'application choisie (en plus je suis cool, je t'ai mis des liens pour chacune d'elles!), tu sélectionnes le magasin de ton choix et tu magasines! Ce que j'aime bien, c'est que tu peux changer de magasin selon où te trouves (tu te souviens, dans notre ancienne vie, quand on pouvait se déplacer librement où on voulait?).

Aussi, l'application Reebee est géniale pour savoir où tu peux trouver un item précis en promotion.

 

3. Faire les imbattables chez Maxi

À l'aide de Reebee, c'est un jeu d'enfant ! Recherche le produit que tu veux comparer, trouve les autres enseignes proches de chez toi qui offrent les meilleurs rabais et fait égaler le prix à ton passage à la caisse chez Maxi. C'est tout ! Selon moi, ça ne vaut pas la peine de comparer chaque chose que tu mets dans ton panier, mais seulement les plus chères ou celles consommées en plus grande quantité.

Tu peux aussi simplement te présenter à la caisse avec la circulaire papier de l'autre magasin qui prouve le prix plus bas.


4. Opter pour des protéines végétales plutôt qu'animales

Je pense que je ne t'apprends rien en disant que la viande coûte très cher. Je ne veux pas embarquer dans le débat à savoir si c'est bon ou pas pour la santé ou pour la planète, par contre ce que je peux te dire avec certitude, c'est que ce n'est pas bon pour le portefeuille ni indispensable dans ton alimentation ! 

Donc, j'utilise de plus en plus les légumineuses et la PVT. C'est tellement peu cher ! On peut acheter de la PVT en vrac chez Bulk Barn à environ 0,60$ / 100g. Ça m'a pris 2-3 essais manqués avant de trouver la bonne manière de la réhydrater et l'apprêter, mais La cuisine de Jean-Philippe m'a été d'une grande aide !

Aussi, les légumineuses sèches en vrac, qu'on réhydrate au fur et à mesure qu'on en a besoin (adieu gaspillage!), reviennent encore moins cher que les conserves. Eh oui, c'est possible !


5. Les surplus de pain !

Depuis que j'ai découvert ce petit magasin à 500m de chez moi, hors de question de payer mon pain à plein prix ! Le principe est simplissime : certaines épiceries du coin (plusieurs, à voir les marques disponibles) apportent leurs invendus dont la date de péremption est proche (un peu comme les applications dont je parle au début de l'article) dans cet autre magasin, où ils sont vendus pour une bouchée de... pain ! À côté de chez moi, chaque pain tranché (ou pains à burger, hotdog, tortillas, muffins anglais, bagels au sésame, pavot, nature, chocolat, etc.) est vendu 1,75$, quelle que soit la marque. Une autre section propose 4 choix pour 5$, lorsque les dates de péremptions sont le jour même ou la veille. Si tu as un gros congélateur, tu peux carrément en prendre 10 pour 10$ ! C'est 4 fois moins cher qu'à l'épicerie pour exactement le même pain ! Et à la vitesse à laquelle les toasts défilent chez moi, je devrais calculer combien j'économise sur une année, je suis certaine que je pourrais me payer un voyage assez rapidement haha!


    6. Abonne-toi à un panier de légumes

Va faire un tour sur le site des fermiers de famille pour trouver un fermier qui a un point de chute dans ton secteur. Dans mon cas, je dois payer en 1 ou 3 versements alors c'est vrai que sur le coup, ça représente un gros montant. Je me suis justement réabonnée il y a quelques jours pour l'été et pour un peu plus de 500$, je vais avoir un panier pour 2 personnes par semaine entre juin et octobre ! Ça revient à 27$ par semaine, pour des légumes bio qui ont poussé à quelques kilomètres de chez moi et dont le goût et la fraîcheur sont incomparables ! Mes pommes peuvent rester parfaites plusieurs semaines sur mon comptoir, encore plus longtemps dans mes Intellifrais au frigo. En plus, ça me permet de découvrir presque chaque semaine un nouveau légume (n'oublie pas que je suis une grande débutante!) et de sortir de ma zone de confort ! J'adore ça, et mes amis les plus proches ont régulièrement l'occasion de rire de (ou avec) moi lorsque je me trouve devant de la fleur d'ail par exemple, et que je ne sais pas du tout ce qu'on peut faire avec ni comment on l'apprête ni même comment je dois la conserver ! 

Et puis, comme bien souvent, ce choix de consommation n'a que des avantages : pour ta santé et celle de ta famille, pour ces fermiers de ta région qui peuvent vivre convenablement de leur travail et pour la planète, puisque tu ne fais plus venir tes fruits et légumes de l'autre bout du monde. L'hiver c'est un peu moins glamour c'est sûr, il y a moins de variété évidemment, mais je trouve ce fonctionnement très satisfaisant et délicieux !


    7. Achète du vrac

Acheter en vrac, c'est souvent l'occasion de découvrir de nouveaux aliments et donc de nouvelles recettes. Comme je l'ai dit plus haut, j'ai pris l'habitude d'ajouter des ingrédients plus nourrissants et nutritifs à mes recettes, principalement celles de gâteaux, muffins, pains, etc. Chez moi, fini la farine blanche ! Je la remplace toujours par de la farine d'épeautre ou de pois chiche ou de blé entier. On peut trouver certaines de ces choses en épicerie, mais à quel prix ? Alors Bulk Barn est devenu mon grand ami et un endroit que je visite régulièrement.


Einstein a dit : « La folie, c'est se comporter de la même manière mais s'attendre à un résultat différent ». Alors, lequel de ces conseils tu penses essayer en premier?? 


samedi 20 mars 2021

L'anti-liste de naissance

Je me demandais bien de quelle façon j'allais me remettre à écrire pour mon blog. Je ressens de nouveau depuis quelque temps l'envie de partager mes réflexions avec l'univers, mais je ne sais pas trop encore par quel bout prendre la chose. J'ai des idées, plein, mais elles ne sont pas encore tout à fait structurées.

Alors, pourquoi ne pas (re)commencer avec un truc un peu léger, mais finalement assez pertinent, et qui en plus me permet de laisser s'exprimer un peu mon côté passif-agressif ?! Mouhahahaha !

Voici donc ma première anti-liste!

On voit tout le temps des listes ou autres classements des trucs indispensables pour les nouveaux parents. À chaque fois que j'en vois, j'ai un peu l'impression d'une part qu'on me prend pour une imbécile et de vivre dans un monde parallèle, parce que la plupart de ces objets me semblent en fait tout à fait inutiles !


1- La tétine dans la valise d'hôpital, c'est non !

Est-ce qu'on peut laisser une chance au nouveau-né de passer ses premières heures extra utérines en découvrant son environnement tel qu'il est, sans commencer tout de suite à combler ses besoins par des objets ? Naturellement, le bébé aura un grand besoin de succion, le sein de sa mère reste la meilleure option (là, je veux être claire tout de suite : je vais reparler d'allaitement dans de futurs articles, d'ailleurs probablement dès le prochain déjà en préparation), le petit doigt (ongle vers la langue) est aussi pratique au début.


2- Les petits gants en coton sur les mains des bébés, au secours !

Là encore, c'est par le toucher qu'on est en contact direct avec notre environnement, pourquoi en priver un bébé ? À cause de ses minis ongles qui pourraient lui crever un oeil ?! C'est un peu intense quand même.


3- Le chauffe lingettes

Hahaha celui-là me fait toujours rire. Indispensable, un chauffe lingette ? Sérieux ? Allez, je me sens généreuse, je te donne mon truc gratuit aujourd'hui : tu prends une lingette, tu la gardes dans ta main en boule pendant 30 secondes avant d'essuyer les fesses de ton bébé, et hop ! Et sinon, retour aux sources : un petit linge, un peu d'eau tiède, et tu viens d'économiser 30$ !


4- La tonne de vêtements la 1e année de vie

Souvent, j'hallucine sur la quantité de vêtements pas pratiques que je vois pour les bébés dans les magasins. Durant sa 1e année, ton bébé dort, régurgite, fait des cacas explosifs qui tâchent, apprend à manger en mettant plus de bouffe autour de sa bouche que dedans (et sa peut durer longtemps hahahaha), alors honnêtement, ne te ruine pas en vêtements ! Des pyjamas, des vêtements « mous », des vêtements évolutifs, ça va être amplement suffisant !


5- Une table à langer

Ça prend de la place, dans un monde idéal il en faudrait une dans la chambre, une dans le salon, une au sous-sol... Alors, allons droit au but : un simple petit matelas qu'on peut transporter partout, ou même une serviette ou autre (faut être créatif!), c'est suffisant ! Une commode ou une table de cuisine se transforme rapidement en coin à langer, le temps que ça dure, c'est-à-dire quelques mois


6- Un lit pour bébé !

Oui, j'ose. Oui, mes bébés ont tous les deux dormi dans un lit pour bébé à barreaux, mais en fait on aurait très bien pu s'en passer. Surtout avec mon 2e qui était allaité, il a longtemps dormi avec moi de façon à nous faciliter la vie (lire ici : le sommeil et l'allaitement!), ensuite on aurait très bien pu simplement installer un matelas au sol. C'est pratique lors des réveils nocturnes, on peut s'allonger facilement à côté de notre petit trésor le temps qu'il en a besoin. Ça l'aide à développer son autonomie aussi, s'il peut librement monter et descendre de sa couchette !


7- Des machines qui préparent les purées ou les biberons

Eh oui, de nos jours il existe des machines, genre Nespresso, qui préparent des biberons de A à Z : calcule la poudre, chauffe l'eau et hop ! C'est prêt ! En fait, ça, c'est ce qu'on veut faire croire aux parents, mais dans les faits, ces machines ne font pas assez chauffer l'eau pour que la poudre soit stérilisée. Lis bien la boîte de lait en poudre, tu vas être surpris!


8- Des plats de plastiques exprès pour faire des portions de purées

Encore un grand mystère pour moi, ces trucs-là. Je n'ai jamais compris non plus ce qui justifie leur prix exorbitant ! Un simple bac à glaçons fait très bien l'affaire. Il y a l'option de la DME aussi, soit de ne pas donner de purées à bébé et de lui donner directement des morceaux de nourriture solide. Tellement plus simple dans la gestion familiale !


9- Un porte-bébé pas ergonomique

Oh là là, ça, c'est un sujet qui me touche beaucoup ! Lorsque je vois un bébé qui se fait promener en pendant par la fourche, j'ai mal pour lui. Et puis de toute façon, même pour le parent porteur, c'est très inconfortable le portage non ergonomique. Il est donc vraiment pertinent de peut-être payer un bon porte-bébé un peu plus cher, qui pourra s'acheter usagé très facilement et être utilisé pour plusieurs enfants, voire même revendu ensuite !

Puisqu'une image vaut 1000 mots, regarde:



Tu remarqueras que les objets de cette liste ont un gros point commun : ils ne sont ni économiques, ni écologiques ! La société dans laquelle on vit veut nous faire croire que tous ces trucs sont utiles, indispensables même, mais finalement c'est à TOI de le décider et de te poser les bonnes questions. En as-tu concrètement besoin ? Tu verras, souvent, la réponse n'est pas celle qu'on imagine !

À bientôt!



vendredi 25 octobre 2013

Il est où, le problème ?

Bon je te préviens, lecteur, je ne suis pas contente. Ça fait longtemps que je n'ai rien écris mais la colère, mue en frustration puisque tue, ne me laisse pas le choix : il faut que je justifie le nom de mon blog et que je m'exprime, sinon je risque l'implosion. Ou de commettre un meurtre, au choix.

Alors voilà, lecteur, venons-en au fait : le truc, c'est que je suis Française. Tu ne vois pas où est le problème ? Eh bien moi non plus à vrai dire, sauf depuis que je vis au Québec. Tu sais que j'adore le Québec, que je m'y sens bien, que j'aime la vie que je m'y suis construite et que jusqu'à présent je ne regrette absolument pas mon choix de m'être installée à 6000 km de chez moi. J'en ai déjà parlé ici.

Où je veux en venir ? OK, je me lance. J'en ai vraiment ras le bol qu'on se foute constamment de mon accent français. Et là lecteur, tu commences à me connaître, tu sais que c'est un doux euphémisme. Ça paraît con, hein, mais je te jure qu'au bout de 5 ans, ça devient insupportable. Au début, je le prenais à la blague, ahahaha c'est drôle, je ne parle pas comme les gens d'ici, je le sais bien, alors je laisse faire et je ris de bon coeur. L'autodérision fait des miracles lorsqu'il s'agit de s'intégrer dans un nouveau groupe, surtout si le groupe est composé de 7 millions de personnes. Je suis venue ici de mon plein gré, personne ne m'a forcée, on est bien d'accord. Comme dirait ma grand-mère, « Tu l'as voulu, tu l'as eu ».

Donc OK, les premiers mois je ne dis rien, et pourtant dès la première vanne, j'ai été choquée (au sens français du terme, hein, soyons clairs). Choquée, parce que les gens se moquent d'un truc sur lequel je n'ai aucun contrôle. En fait pour être honnête à 100 %, à chaque fois je le prends personnel et ça me rappelle les trous du cul qui se sont moqués de moi pendant des années quand j'étais plus jeune parce que j'avais un gros nez ou des grandes oreilles, parce que je jouais mieux au foot (soccer) que les garçons de mon école ou parce que je n'ai pas eu de seins avant l'age de 15 ou 16 ans. Je sais que tu n'y peux rien, ami lecteur, si j'ai grandi au milieu de connards. Je sais aussi que le parallèle que je fais te choque sûrement, toi aussi. Pourtant, c'est exactement ce que je ressens.

À chaque fois, je ne peux pas m'empêcher de faire une comparaison simple : qu'est-ce qui me serait arrivé en France si je m'étais foutu de la gueule d'un Africain ou d'un Chinois parce qu'il parle le français sans prononcer les r ? Ça n'aurait fait rire personne et je serais juste passée pour une bonne vieille xénophobe, n'ayons pas peur des mots. Oui je sais, je ne peux pas comparer la société française avec la québécoise, ça n'a rien à voir, au Québec on est des Bisounours par rapport à ce qui se passe quotidiennement en France. Je ne le sais que trop bien, ça fait partie des raisons qui m'ont fait prendre mes clics et mes clacs. Pas pour rejoindre le pays des Bisounours, mais pour m'échapper d'un monde de sauvages, qui aurait fini par me happer et me bouffer.

Mais revenons-en à nos moutons. C'est quoi le problème avec les Français, au Québec ? Pourquoi la plupart des gens pensent, au fond, qu'on se croit supérieur ? Un ami journaliste québécois m'a dit un jour que l'origine de cette jalousie vient des années 70 (je ne suis plus certaine), période pendant laquelle il manquait d'enseignants dans les écoles québécoises et que le Québec a comblé ce manque en allant chercher des profs en France. Ainsi sont nés les fameux Maudits Français dont on entend tant parler au Québec. Bon. Du coup, je peux comprendre, si j'essaie très fort, que les seniors aient une dent contre nous, se sentent vexés ou quelque chose comme ça. J'ouvre ici une petite parenthèse pour adresser une pensée chaleureuse au vieux qui m'a si gentiment demandé de « rentrer dans mon pays » au téléphone, dans le cadre de mon travail, alors que je ne lui donnais pas la réponse qu'il attendait (je bosse dans un centre d'appels au service à la clientèle), et à sa compatriote qui a carrément fait une plainte à mon sujet auprès de mes supérieurs, en disant explicitement que je la prenais de haut parce que j'étais Française alors que je ne pouvais simplement pas faire ce qu'elle me demandait. (Devrais-je préciser ici qu'ELLE s'était mise toute seule dans la merde, et qu'elle pensait que je me devais de l'en sortir ?) Lorsque ma patronne l'a rappelée pour parler de sa plainte, elle s'est rendue compte que la charmante cliente avait une belle-soeur française qui suscitait en elle une frustration extrême. (La connasse dame n'a même pas retiré sa plainte, au bout du compte.) Vous comprenez mieux, maintenant, pourquoi je parle de frustration ? Je ferme donc la parenthèse.

Alors en admettant que les vieux québécois aient une bonne raison de ne pas aimer les français (je n'en reviens pas d'écrire ça !), quel est le problème des jeunes ? La personne qui fait que j'écris cet article, qui me dit à peine bonjour mais se permet dès qu'elle me voit de me parler en imitant (tellement mal, en plus !) l'accent français, de se foutre de moi ouvertement à cause de mes origines, est une jeune trentenaire. Pas une ado prépubère là, ce qu'on appelle une adulte. Je pense qu'on ne lui a jamais dit que les blagues les plus courtes sont les meilleures (je pense que ça aussi, ça me vient de ma grand-mère ahah). Aujourd'hui, ç'a été la fois de trop, j'étais tellement fâchée que je n'ai rien dis. Ceux qui me connaissent un peu sauront que cette fille a donc frôlé la mort.

C'est fou quand même, je n'aurais jamais pensé subir un jour ce genre de discrimination. Parce que oui, appelons un chat un chat. J'ai été témoin des milliers de fois de ce genre de comportement, à l'école primaire, au collège (secondaire) et même au lycée (CEGEP). Ça faisait partie de mon quotidien, en fait. Si Jasmin Roy avait été à l'école avec moi, il aurait halluciné. Ironiquement, le seul endroit où je n'aie rien vu de tel, c'est à l'Université Paris 8 à Saint Denis, probablement la ville la plus controversée de France puisqu'y vivent énormément d'immigrés et s'y passent beaucoup de faits divers. Dans cette Université, il y avait plus de 80 nationalités différentes, il me semble.

Alors c'est peut-être ça, la solution ? Mélanger tout le monde pour qu'on se connaisse et s'apprivoise et qu'on soit capable de vivre tous ensemble sans perdre de temps à se foutre du voisin parce qu'il parle comme ci ou comme ça, parce qu'il est jaune, noir, vert ou orange à pois bleus, parce qu'il porte une kippa ou un voile, une croix, une étoile ou une main autour du cou ? Est-ce que c'est moi qui suis trop naïve ou bien globalement, on s'en contre fous ?

À bon entendeur,














mardi 12 février 2013

Arrêter de fumer? Quelle bonne idée !

Qui dit nouvelle année dit résolutions, nouveaux défis pour certains, nouveaux départs pour d'autres. En ce qui me concerne, j'ai pris ma bonne résolution de 2013 avec quelques semaines d'avance, le 16 novembre 2012. Vous l'aurez deviné, j'ai effectivement arrêté de fumer ! Enfin !

J'ai gambergé sérieusement sur la question pendant plusieurs mois avant de me lancer, pour ne pas dire plusieurs années. À vrai dire, j'avais déjà tenté plusieurs fois d'arrêter, de plusieurs façons: volonté seule, sur un coup de tête, patchs, avec des amis, et rien n'a vraiment fonctionné plus de quelques semaines. Je voulais que cette fois-ci soit la bonne, la dernière, alors j'ai pris mon temps et j'ai étudié plusieurs possibilités.

Franchement, avec la force de caractère et de volonté qui me caractérise, je ne pouvais pas croire que la cigarette allait gagner ce combat. Impossible. J'ai trop de projets, à court ou moyen terme (je vous laisse deviner quoi ;)) qui nécessitent une bonne santé, de l'énergie et, accessoirement, que j'évite de jeter mon argent par la fenêtre. Par contre, je me rendais compte qu'il me fallait un dernier petit coup de pied aux fesses pour me lancer dans cette ultime tentative qui, je le savais, je le sentais, serait la bonne.

C'est en discutant avec un ami proche, lui-même gros fumeur depuis de trop nombreuses années, que j'ai trouvé le parachute avec lequel j'allais me lancer.

Tindiiiiiin !





Je vous préviens tout de suite, je ne suis pas payée par l'auteur du bouquin pour lui faire de la pub. De toute façon, il est mort en 2006, ce bon vieux Allen, qui a sauvé la vie de tant de fumeurs. C'est dommage, j'aurais bien aimé lui exprimé ma gratitude d'avoir osé mettre les fumeurs face à eux-mêmes sans passer par quatre chemins.

Parce qu'en fait, si on y pense deux minutes, toutes les excuses que les fumeurs trouvent pour continuer de fumer sont teintées de mauvaise foi, qui cache une angoisse profonde. Une addiction, quoi. Tu aimes fumer? Tu trouves ça bon? Agréable? Ça te détend? Tsss tsss ne te fous pas de moi. Souviens-toi juste de ta première cigarette et tu admettras que c'était le truc le plus dégueulasse
du monde.

Ce livre met le fumeur face à ses propres paradoxes et lui met le nez dans son caca. Clairement, ce n'est pas quelque chose de très agréable mais ça reste le moyen le plus efficace de lui faire réaliser à quel point il est stupide, et je m'inclus dans cette piètre description.

Aller copain fumeur, réveilles-toi, cours acheter ce livre à 14,50 $ et lances-toi ! Tu m'en diras des nouvelles.


samedi 17 novembre 2012

Anton Alferov


Aujourd'hui, j'ai besoin de me vider le coeur et la tête, et je vais en profiter pour dénoncer une injustice qui me fait mal aux tripes depuis deux semaines, et encore plus depuis deux jours.
 
Le premier boulot que j'ai trouvé en arrivant au Québec il y a quatre ans, c'était en cuisine au Cirque du Soleil pour le spectacle Ovo. Mon équipe et moi, on nourrissait artistes, techniciens, entraîneurs et autres employés. La plupart des artistes étaient simples et accessibles, comme Anton, 30 ans, trampoliniste. J'avais remarqué tout de suite que c'était le seul Russe de la troupe qui parlait aussi anglais. Comme j'ai étudié sa langue maternelle pendant plusieurs années lors de ma scolarité, et que je n'avais jamais vraiment eu l'occasion de parler avec un « vrai » Russe, je lui ai un jour adressé la parole dans sa langue, ce qui l'a beaucoup surpris. Petit à petit, c'est devenu comme un jeu entre nous, il me faisait parler russe, me corrigeait et ne se gênait pas non plus pour se moquer un peu parfois !

C'était un garçon simple, gentil, plein d'humour, costaud et très bien bâti (forcément), charmeur. Ne vous méprenez pas, il n'a jamais été question de relation intime ni même d'attirance, j'aime autant que ça soit clair. Il ne m'a jamais raconté sa vie personnelle, simplement qu'il avait deux jeunes enfants qui vivaient avec leur mère en Russie. Il était sain de corps et d'esprit, ça se voyait bien, ce qui ne l'empêchait pas de savoir faire la fête à certaines occasions, pour son anniversaire par exemple, auquel il m'avait invitée. C'est d'ailleurs lui qui m'a fait découvrir le Jägermeister-coca, un des trucs les plus absolument infâmes que j'ai bus dans ma vie. Il était mort de rire. Bref.

Je ne peux pas vraiment dire que nous étions amis, ça serait exagérer, mais on a beaucoup parlé, échangé et surtout ri pendant les six mois que la troupe a passés à Montréal. Après chaque spectacle, il me demandait de lui préparer un mélange atroce fait de gousses d'ail fraiches et de miel, en me certifiant avec un grand sourire que c'était bon pour le coeur. Mouais. Admettons. 

Il y a deux semaines, j'ai appris son décès.

La mort d'un homme si jeune, plein de rêves, de projets et de vie, c'est toujours quelque chose qui me touche, tellement je trouve ça anormal. Il y a tellement de vieux cons qui vivent jusqu'à 90 ans ! Que ça arrive à quelqu'un comme Anton, ça me fait encore plus de peine. Mais ce qui m'a vraiment secouée, traumatisée même, ce sont les circonstances dans lesquelles il est décédé.

Depuis quelques mois, il vivait à Acapulco, au Mexique. Il avait monté une école de cirque, donnait des cours gratuits aux gamins du coin, s'impliquait beaucoup dans ce projet. Pendant le week-end du 28 octobre 2012 et pour une raison que j'ignore, il s'est fait arrêter par la police mexicaine. Il a peut-être fait une connerie, je n'en sais rien. Et je m'en fous, à vrai dire. 

Ce que je sais, c'est qu'il n'a jamais revu la lumière du jour. Il est mort sauvagement battu par les policiers, qui essayent depuis de camoufler ce meurtre sordide en suicide. Les autorités mexicaines disent qu'Anton est subitement devenu fou et incontrôlable et qu'il s'est lui-même fracassé la tête contre les murs de sa cellule. Après, ils ont changé de version, préférant dire qu'il s'était battu avec d'autres prisonniers. Là encore, impossible pour moi de savoir ce qui est vrai. Par contre, ce que j'ai vu de mes yeux, ce sont des photos du visage d'Anton après son décès, des photos de la cellule dans laquelle il a séjourné et a vécu ses dernières heures. Il était à peine identifiable, plein de contusions. Je ne suis pas médecin, mais personne ne me fera jamais croire qu'une personne comme lui peut s'infliger de telles souffrances. Quant aux murs recouverts de sang dans la cellule, même dans les films les plus lugubres je n'ai jamais rien vu de tel. Un vrai cauchemar, putain. Non contente du résultat obtenu, la police a ensuite travaillé très dur pour empêcher les proches et la famille d'Anton de connaître la vérité. Son corps n'a pas été conservé correctement, ils ont même voulu imposer une crémation, pour être certains qu'aucune preuve de ce massacre ne subsisterait.

On pourrait penser que personne ne peut rien faire pour aider un type qui se fait arrêter par la police (corrompue) au Mexique, et on a la preuve que c'est la vérité. Il y a quelques jours est apparue sur YouTube une vidéo d'Anton juste après son arrestation. On n'y voit aucune violence physique, pas même un contact entre les policiers et leur proie. Pourtant, cette vidéo m'a encore plus choquée que les photos que j'ai vues. On y voit Anton qui a peur, qui appelle au secours en pleine rue, attaché à la voiture de police. Le plus marquant, c'est de voir et d'entendre un type de 35 ans complètement paniqué, qui appelle sa mère. Sa mère. Comme un réflexe. Danger = maman. Il appelle en russe, en espagnol, il crie qu'on va le tuer, et personne ne bouge. Comme un présage, puisque deux jours plus tard il est vraiment mort.

S'il y a une chose dans ce monde que je ne supporte pas, c'est l'injustice. Là, j'en ai une preuve flagrante, ornée de cruauté gratuite. Je refuse par principe de publier les photos du corps d'Anton, mais, par principe aussi, je veux partager la vidéo. 

Repose en paix Anton, et j'espère que la mobilisation impressionnante de tes proches et de tes amis t'apportera un jour la justice que tu mérites.


 


dimanche 21 octobre 2012

Bruce Springsteen, ou quand le fantasme se mêle au réel

Nouvel article, nouveau thème, nouvelle réflexion.

Vendredi 19 octobre 2012, j'ai vécu un truc unique que j'ai très envie de partager avec la Terre entière, voire même avec les extraterrestres si ça les branche et tout le reste du système solaire aussi. Mais, avant de rentrer dans le vif du sujet, je vais essayer d'en planter le décor.

Donc, depuis plus de 16 ans, je suis cinglée de Bruce Springsteen. À l'époque, au milieu des années 90, j'étais en mode monomaniaque, hystérique, fanatique d'un boys band extrêmement populaire en Europe et surtout en France, qui s'appelait les Worlds Apart, pour ne pas les citer. Ma mère, avec qui je vivais, commençait à se demander combien de temps cette folie allait durer, combien de fois elle devrait corrompre les amies de mon grand frère pour m'accompagner aux concerts, combien de temps elle devrait encore endurer la « musique » à fond dans ma chambre. Ils étaient beaux, chantaient (de la merde) correctement, parlaient d'un amour parfait comme on peut en rêver plus ou moins consciemment à 10 ans, avaient l'air d'être des petits copains parfaits, bref, tout ce qu'il faut pour entretenir la passion chez ces milliers de jeunes filles dont je faisais fièrement partie.

Jusqu'à cette journée de l'été 1996, sur une route de campagne déserte en voiture avec mon père. Sans rien dire, il a mis l'album « Darkness On The Edge Of Town » et l'effet sur moi a été rapide comme la foudre, littéralement. Dès les premières notes du premier morceau, je me suis sentie connectée, concernée, comme envoûtée, sans comprendre un traître mot de ce que j'entendais sortir de l'autoradio. Pourtant mon niveau d'anglais, même à l'époque, était relativement avancé. D'ailleurs, permettez-moi ici une petite parenthèse pour dire un grand merci aux Worlds Apart et à leur prose si peu évoluée, qui m'ont permis d'améliorer mon niveau dans la langue de Shakespeare, en traduisant rigoureusement toutes leurs chansons dans un cahier, dont je prenais encore plus soin que de mes cahiers d'école (déjà à l'époque, la musique passait loin devant) ! Fin de la parenthèse, merci pour votre patience.

 
Donc, après avoir passé un mois à casser les pieds de mon père pour écouter constamment  « Darkness » et « Born To Run », qu'il m'a fait découvrir le lendemain, je suis rentrée chez moi, ai arraché vigoureusement tous les posters des gars sus-mentionnés qui recouvraient les murs de ma chambre, sous les yeux circonspects de ma mère, et me suis immédiatement plongée dans la vie et l’œuvre de Springsteen. 

Le premier des 11 concerts que j'ai vus de lui, en 2002, a achevé de me faire inexorablement tomber dans la marmite pour ne plus jamais en sortir. À la limite, je suis heureuse de m'y enfoncer un peu plus chaque jour, ça me fait du bien d'avoir un genre d'idole comme lui, qui prône des valeurs auxquelles j'adhère aussi personnellement, qui respecte énormément son public, qui n'a jamais fait deux fois le même concert en 40 ans de carrière et qui prend un plaisir évident à jouer au moins 3 heures tous les soirs. C'est le contrat qui le lie à son public, comme il le dit lui-même. Vous en connaissez beaucoup des artistes de cette envergure qui voient les choses comme ça, en vendant leurs tickets deux fois moins chers que les autres de la même trempe? Je pense que non, tout simplement parce qu'il n'en existe pas d'autre.

Vous constatez donc que je suis sévèrement atteinte de springsteenite, probablement sous une forme aiguë qui plus est. Et c'est un truc que j'assume très bien, merci. Mais ma fan attitude a ses limites, heureusement. Je veux qu'il reste à sa place d'idole dans ma vie, qu'il continue à me servir de refuge intérieur quand j'en ai envie ou même besoin. Dans cette optique-là, je me fous de savoir à quel hôtel il va, s'il aime les pois-chiches ou s'il préfère la vodka ou la grenadine (ou peut-être les deux ensemble? mmm!). Je laisse ça à d'autres, sans les juger pour autant (enfin, pas beaucoup, juste un peu...). En discutant avec d'autres fans du monde entier, je passe souvent pour une énigme. J'aime intensément sa musique (pas tout, lui aussi est capable de sortir des bouses, surtout ces dernières années, mais c'est un autre sujet), j'adore plus que tout le voir en concert partout où je peux, je m'intéresse beaucoup à ses positions sur la politique, la société américaine dans laquelle il vit (qui me fascine aussi) et s'est façonné, j'ai lu beaucoup d'ouvrages qui lui sont consacrés, mais je me contrefous de lui serrer la main ou de lui demander un autographe.

Ça va même plus loin, non seulement ça ne m'intéresse pas du tout, mais c'est carrément un truc auquel je refuse de me laisser aller. Il est trop bien installé sur son piédestal dans mon panthéon personnel, et je veux qu'il y reste encore longtemps. Alors, plutôt que d'avoir des pensées ou des fantasmes irrationnels suscités par plusieurs artistes ou autres personnages publics, j'aime autant tout concentrer sur un seul, lui. Comme quoi, j'ai toujours ce côté monomaniaque en moi, mais plus l'hystérie qui allait avec lorsque j'avais 10 ans. Vous me direz, je n'ai jamais pris cette décision de mon plein gré, c'est elle qui s'est imposée à moi naturellement. Il y a bien d'autres artistes qui me passionnent (presque) autant que Springsteen, comme Tom Waits, The Clash ou, dans un autre domaine, Charles Bukowski. Mais j'ai beau connaître leur vie par cœur, ils ne me procurent pas la même sensation de familiarité, de vieux copain ou de réconfort, que j'aime tant avec Springsteen.

Sauf que vendredi 19 octobre 2012, mon monde réel a mis un pieds dans mon fantasme. Laissez-moi vous dire que c'est une expérience incroyable, un truc nouveau pour moi, que je n'aurais jamais pu imaginer.

Je suis allée le voir en concert à Ottawa, avec une copine fan aussi. C'était son anniversaire ce soir-là et elle a fait le voyage de Paris presque juste pour ce concert. Il fallait donc qu'on s'organise pour que cette soirée soit au top. Pour commencer, on se devait d'être dans le pit, cette partie du parterre qui se trouve juste devant la scène. Sauf qu'en Amérique du Nord, contrairement à l'Europe, ce n'est pas le système du premier arrivé premier servi, mais un tirage au sort. Donc là, on était 700 à vouloir y aller, pour seulement 500 places... On a eu beaucoup de bol, parce qu'à 15 personnes près, on n'y était pas. Mais la chance a décidé de nous sourire, ce qui était une première victoire dans cette soirée, donc on s'est retrouvé idéalement placé à 4 mètres du micro de Springsteen.

La foule avait l'air très cool, les gens étaient aussi impatients que nous que le show commence, et personne n'a été déçu de l'entrée en matière du Boss et de son E Street Band, enrichi sur cette tournée d'une section de cuivres, de choristes et d'un percussionniste. The Promised Land, The Ties That Bind, No Surrender et Hungry Heart pour commencer, et paf ! une première petite claque derrière la tête, histoire de me rappeler qui j'ai devant moi. Le pit est comblé, joyeux, une ambiance bon enfant y règne, tout est parfait. Évidemment, avec ma copine, on connaît bien les petites habitudes de Springsteen pendant ses spectacles. On sait, par exemple, qu'il aime bien faire monter une fille du public sur scène pendant qu'il joue Dancing In The Dark, vieux tube du milieu des années 80. Histoire de tenter notre chance, enfin surtout celle de ma copine, on avait préparé une belle petite pancarte pour attirer son attention, qu'on brandissait entre chaque morceau, mais on aurait dit que Bruce avait décidé de ne pas regarder dans notre direction. Pas grave, on continue de savourer chaque seconde et de s'éclater. Suivent We Take Care of Our Own, Wrecking Ball, chanson titre du dernier album, Death to My Hometown puis My City of Ruins, qui comprend en introduction un magnifique hommage au regretté saxophoniste de la première heure, Clarence Clemons, décédé subitement en juin 2011. Puis Spirit in the Night, en hommage à tous les fantômes qui accompagnent chaque personne présente dans la salle (dixit Bruce). Pour rester dans la même période, on a eu droit à un excellent E Street Shuffle, joué sur demande du docteur qui a débouché l'oreille de Bruce l'après-midi même, alors qu'il n'entendait plus rien (!), suivi du cinglant Jack Of All Trades, malgré un tempo très tranquille.

À mon humble avis, c'est à ce moment-là que Bruce a décidé de vraiment faire décoller le concert, puisqu'il nous a balancé une vielle version de Prove It all Night, avec la même intro que sur la tournée de 1978. Décoiffant, c'est le moins que l'on puisse dire, et ponctué par un solo grinçant de Niels Lofgren. Wow. Juste après cette deuxième claque, il m'en assène directement une troisième, en jouant Candy's Room, une de mes chansons préférées depuis toujours, que je n'avait jamais vue en live. Bon. On pourrait croire qu'après 10 concerts je devrais savoir à quoi m'attendre, mais non. La seule chose que je sait en entrant dans la salle, c'est que ça va être unique, et sûrement mémorable. Et encore une fois, je ne me suis pas trompée. Il continue avec Darlington County, Shackled And Drawn, Waitin' On A Sunny Day pendant laquelle il fait monter sur scène deux petits garçons pour chanter le refrain et qui lui volent finalement la vedette. D'habitude, je n'aime pas trop ce moment avec un enfant, mais je dois avouer que ces deux frères étaient très drôles. Ensuite, pour satisfaire les nombreuses demandes que l'on pouvait voir sur des pancartes, il a enchaîné avec Drive All Night, très belle chanson et très beau moment. Viennent ensuite The Rising et Badlands, qui terminent le concert avant les rappels. En fait, ce n'était pas vraiment un rappel puisque le groupe n'a pas quitté la scène, histoire de ne pas perdre de temps, mais en entendant les premières notes à l'harmonica de Thunder Road, on a bien compris que c'était la dernière ligne droite de la soirée.

Là, Springsteen s'est dirigé vers le pit et a fait signe à une fille du public de s'approcher de la scène avec la pancarte qu'elle portait pour demander une chanson. Horreur ! En voyant le titre, Queen Of The Supermarket, j'ai tout de suite pensé à une blague, puisque c'est à mon avis un des morceaux les plus inutiles du catalogue springsteenien. Même lui l'a dit, cette chanson n'a jamais été réclamée pendant un show, jamais, tellement jamais qu'il ne l'avait jouée qu'une seule fois auparavant. Mort de rire, il a décidé de la jouer en solo pour faire plaisir à la fille qui travaillait effectivement dans un supermarché. Mon horreur s'est transformée en sourire, puisque après tout, très peu de personnes peuvent se vanter de l'avoir entendue en live ! Et puis ça a provoqué en moi une impression spéciale. S'il est capable de jouer ce genre de niaiserie sur demande, alors il est capable de tout. Encore trois petites chansons, et non des moindre, et il allait me le prouver. Il continue donc avec We Are Alive, Born To Run et Glory Days, pour le plus grand bonheur de tous, y compris les gens moins fans du public qui ne connaissaient que la partie mainstream de ce bon vieux Bruce.

Et là, soudain, les premières notes de Dancing In The Dark. Mon cœur s'est mis à battre la chamade et j'ai secoué ma copine pour qu'elle brandisse sa pancarte un peu plus haut. Bruce l'a vue, son guitariste aussi qui s'est même mis à rire en voyant ce qui était écrit ( It's my 26th birthday, so please marry me dance with me !). Le morceau progressait, arrivait vers la fin, je n'en pouvais plus, j'étais au bord de l'apoplexie. Et ENFIN, Bruce s'est dirigé directement vers nous, en pointant l'index vers ma copine et son panneau. Putain, c'est pas vrai. Je rêve. J'hallucine. C'est impossible, ça n'arrive qu'aux autres. Sauf ce soir-là, où ça nous est arrivé à nous, enfin à elle. Mais à moi aussi, ça a fait quelque chose.

J'étais au milieu de 18000 personnes, devant mon idole, cette superstar mondiale qui a changé la vie de tant de personnes en accomplissant la sienne, qui a vendu des millions de disques, créé des tubes intemporels, fait des concerts sur tous les continents, fait rêver des milliers de filles et de femmes, et le voilà qui danse avec ma copine. Rien que le fait de l'écrire, j'en ai encore la chair de poule. Ma copine en question, qui fait par définition partie de ma vie réelle, quotidienne, dansait avec Bruce Springsteen. En fait, c'est comme si c'était moi qui dansait avec lui, sauf que la scène se passait devant mes yeux, et ça donne une perspective incomparable. L'objet de mes fantasmes (pas sexuels les fantasmes, bien qu'il soit doté d'une paire de fesses de compétition, malgré ses 63 ans) était sous mes yeux, mélangé avec ma vraie vie. J'avais une boule dans le ventre terrible, je tremblais comme une feuille mais en plus, il fallait que j'assure le côté souvenir pour ma copine, en prenant des photos ! Le résultat est à l'image de la situation, un peu flou mais pas trop, plein de bonheur sur le visage de ma copine et aussi celui de Bruce, pas très cadré mais tellement inoubliable !

Pour moi, c'était le comble du fantasme. S'en approcher très très près, mais ne pas y toucher, pour ne pas qu'il dégringole de son piédestal et se retrouve au même niveau que les autres. Je souhaite à quiconque qui a lu ces lignes de vivre un jour une telle chose, tellement c'est bon.

Petit souvenir pour ma copine, pour moi et pour qui veut partager notre bonheur.



Pour ceux qui aiment Springsteen, venez faire un tour sur le forum francophone Land of hope and dreams, truffé d'infos et de gens cool !

mardi 28 août 2012

Pourquoi une maudite Française migre au Québec ? Eléments de réponse.

Pour faire suite à mon billet sur le français au Québec, je me suis dis qu'il serait logique que je parle un peu de mon parcours, pourquoi j'ai choisi de quitter mon pays pour m'installer de l'autre côté d'un océan, etc. Histoire de remettre la balle au centre et de dire que, si tout n'est pas rose au Québec, tout est loin d'être parfait en France.

Je me suis installée à Montréal il y a quasiment quatre ans, en plus d'avoir terminé mes études universitaires à l'Université du Québec à Trois-Rivières, donc j'estime avoir eu pas mal de temps pour observer ces deux nations cousines. En fait, je ne suis pas sûre qu'elles soient si " cousines " que ça, les défauts de l'une étant les qualités de l'autre. Un peu comme deux entités complémentaires. En fait, en y réfléchissant un peu, on devrait être capable de crée une sorte d'utopie en créant un savoureux mélange équilibré, un genre de Franbec ou de Québrance.

Il y a une dizaine d'années, je n'étais pas loin d'avoir la possibilité d'aller à l'université, mais j'étais simplement incapable d'imaginer mon avenir, ma vie d'adulte. Trou noir plein d'angoisse à chaque fois que j'y pensais. Impossible de m'imaginer indépendante, avec un boulot, un appartement, éventuellement un conjoint et ma propre famille. Pourtant une chose est sûre, j'en mourais d'envie et je sentais que j'allais bientôt avoir besoin de m'envoler du nid maternel. Je rêvais depuis des lustres de travailler un jour dans le milieu musical, mais je sentais inconsciemment que quelque chose en France allait m'empêcher d'avancer. Après une adolescence joyeusement borderline, j'ai finalement atteint les bancs de l'université. Bien que ça fasse un bien fou de trouver une voie dans laquelle on se plaît et qui nous passionne, le trou noir et béant de mon avenir restait là dès que j'y réfléchissais un peu, et je commençais sérieusement à me poser des questions. Où est le problème? Y a-t-il seulement un problème? Est-ce la société dans laquelle je vis? Ma famille? Mes amis? La société ( et pas seulement elle ) nous pousse à faire des études supérieures, mais les débouchés professionnels sont extrêmement limités. Tous les employeurs demandent de l'expérience mais aucun d'entre eux ne veut en offrir. Pratique, hein? On va aller loin comme ça ! Et rien au niveau de l'enseignement universitaire n'est fait pour rapprocher les études et les étudiants de leurs futurs milieux professionnels ni des gens qui les composent.

Je tournais en rond jusqu'au jour où une de mes professeurs de fac m'a demandé pourquoi je ne partais pas étudier un an à l'étranger pour terminer mon diplôme en échange universitaire. Est-ce que mon questionnement intérieur transparaissait dans mon comportement ? Quoi qu'il en soit, son idée a germé en moi comme un haricot magique, très rapidement. Elle avait trouvé la solution ! C'est ça qu'il me fallait, aller voir comment se passe la vie ailleurs ! Je pouvais choisir parmi plein de pays européens proches de la France, mais j'ai jeté mon dévolu sur le Québec, car c'était la destination la plus éloignée. En même temps que de réaliser les bienfaits que ce voyage allait m'apporter, il est simplement devenu une évidence. C'était ça, la solution pour apaiser mon malaise et mon spleen, pour me faire prendre du recul sur ma vie, les choses qui la rendent moins facile à gérer, les gens qui s'obstinent à vouloir la contrôler.

Le choc culturel a été immédiat. "Choc" est un terme un peu fort, mais disons que deux différences majeures m'ont sauté aux yeux dès les premiers jours de mon séjour québécois. D'abord, la chaleur naturelle avec laquelle les gens m'ont accueillie. Je me souviendrai toute ma vie du choc électrique qui m'a traversée lorsque, assise à la terrasse d'un bar, la serveuse ma demandé si j'allais bien avant de prendre ma commande. Euh, pardon ?? C'est bien à moi que tu parles, là, je n'hallucine pas ?? Ce n'est pas à Paris qu'on entendrait ça !
L'autre chose qui m'a énormément soulagée est le fait que la plupart des commerces ou entreprises recherchaient tous des employés. Des offres d'emploi partout ! Ca non plus, ça n'est pas très parisien ! C'est sûr que ça n'était sûrement pas que des jobs incroyables, mais au moins il y en avait, des jobs ! Quand je pense qu'à Paris je me suis même fait recaler du McDo ! Ca met vraiment un coup au moral un truc pareil !

Ce sont donc deux gros poids qui sont descendus de mes épaules dès ma première semaine au bout de mon monde. Rien que ces deux choses-là, pourtant simples à prime abord, normales diront d'autres, ont suffi à déboucher la vision que j'avais de mon avenir. Je me suis remise à croire en mon avenir, et le cercle vicieux dans lequel je me perdais s'est tout à coup transformé en cercle vertueux. Moins de stress = retour de mes rêves = retour des ailes qui poussent dans le dos = j'ose tout simplement prendre contact avec certaines personnes = le culot paye ! = me voilà à réaliser une partie de mon rêve professionnel en travaillant pour un de mes groupes français préférés de passage au Québec : Debout Sur Le Zinc ! Et voilà !

Bref, je n'ai pourtant jamais eu l'impression d'avoir des envies et des projets démesurés, mais ces temps-ci rien en France n'est fait pour faciliter l'insertion des jeunes dans la vie adulte. Nos rêves fous sont remplacés par des souhaits bien trop terre à terre : je ne trouve pas qu'il soit normal à 20 ans de juste espérer être capable de payer un loyer avec son salaire. C'est aberrant. On verra si le changement de cap de la politique française changera un peu ça dans prochaines années, sachant que la situation ne pourrait que difficilement être pire !