mardi 28 août 2012

Pourquoi une maudite Française migre au Québec ? Eléments de réponse.

Pour faire suite à mon billet sur le français au Québec, je me suis dis qu'il serait logique que je parle un peu de mon parcours, pourquoi j'ai choisi de quitter mon pays pour m'installer de l'autre côté d'un océan, etc. Histoire de remettre la balle au centre et de dire que, si tout n'est pas rose au Québec, tout est loin d'être parfait en France.

Je me suis installée à Montréal il y a quasiment quatre ans, en plus d'avoir terminé mes études universitaires à l'Université du Québec à Trois-Rivières, donc j'estime avoir eu pas mal de temps pour observer ces deux nations cousines. En fait, je ne suis pas sûre qu'elles soient si " cousines " que ça, les défauts de l'une étant les qualités de l'autre. Un peu comme deux entités complémentaires. En fait, en y réfléchissant un peu, on devrait être capable de crée une sorte d'utopie en créant un savoureux mélange équilibré, un genre de Franbec ou de Québrance.

Il y a une dizaine d'années, je n'étais pas loin d'avoir la possibilité d'aller à l'université, mais j'étais simplement incapable d'imaginer mon avenir, ma vie d'adulte. Trou noir plein d'angoisse à chaque fois que j'y pensais. Impossible de m'imaginer indépendante, avec un boulot, un appartement, éventuellement un conjoint et ma propre famille. Pourtant une chose est sûre, j'en mourais d'envie et je sentais que j'allais bientôt avoir besoin de m'envoler du nid maternel. Je rêvais depuis des lustres de travailler un jour dans le milieu musical, mais je sentais inconsciemment que quelque chose en France allait m'empêcher d'avancer. Après une adolescence joyeusement borderline, j'ai finalement atteint les bancs de l'université. Bien que ça fasse un bien fou de trouver une voie dans laquelle on se plaît et qui nous passionne, le trou noir et béant de mon avenir restait là dès que j'y réfléchissais un peu, et je commençais sérieusement à me poser des questions. Où est le problème? Y a-t-il seulement un problème? Est-ce la société dans laquelle je vis? Ma famille? Mes amis? La société ( et pas seulement elle ) nous pousse à faire des études supérieures, mais les débouchés professionnels sont extrêmement limités. Tous les employeurs demandent de l'expérience mais aucun d'entre eux ne veut en offrir. Pratique, hein? On va aller loin comme ça ! Et rien au niveau de l'enseignement universitaire n'est fait pour rapprocher les études et les étudiants de leurs futurs milieux professionnels ni des gens qui les composent.

Je tournais en rond jusqu'au jour où une de mes professeurs de fac m'a demandé pourquoi je ne partais pas étudier un an à l'étranger pour terminer mon diplôme en échange universitaire. Est-ce que mon questionnement intérieur transparaissait dans mon comportement ? Quoi qu'il en soit, son idée a germé en moi comme un haricot magique, très rapidement. Elle avait trouvé la solution ! C'est ça qu'il me fallait, aller voir comment se passe la vie ailleurs ! Je pouvais choisir parmi plein de pays européens proches de la France, mais j'ai jeté mon dévolu sur le Québec, car c'était la destination la plus éloignée. En même temps que de réaliser les bienfaits que ce voyage allait m'apporter, il est simplement devenu une évidence. C'était ça, la solution pour apaiser mon malaise et mon spleen, pour me faire prendre du recul sur ma vie, les choses qui la rendent moins facile à gérer, les gens qui s'obstinent à vouloir la contrôler.

Le choc culturel a été immédiat. "Choc" est un terme un peu fort, mais disons que deux différences majeures m'ont sauté aux yeux dès les premiers jours de mon séjour québécois. D'abord, la chaleur naturelle avec laquelle les gens m'ont accueillie. Je me souviendrai toute ma vie du choc électrique qui m'a traversée lorsque, assise à la terrasse d'un bar, la serveuse ma demandé si j'allais bien avant de prendre ma commande. Euh, pardon ?? C'est bien à moi que tu parles, là, je n'hallucine pas ?? Ce n'est pas à Paris qu'on entendrait ça !
L'autre chose qui m'a énormément soulagée est le fait que la plupart des commerces ou entreprises recherchaient tous des employés. Des offres d'emploi partout ! Ca non plus, ça n'est pas très parisien ! C'est sûr que ça n'était sûrement pas que des jobs incroyables, mais au moins il y en avait, des jobs ! Quand je pense qu'à Paris je me suis même fait recaler du McDo ! Ca met vraiment un coup au moral un truc pareil !

Ce sont donc deux gros poids qui sont descendus de mes épaules dès ma première semaine au bout de mon monde. Rien que ces deux choses-là, pourtant simples à prime abord, normales diront d'autres, ont suffi à déboucher la vision que j'avais de mon avenir. Je me suis remise à croire en mon avenir, et le cercle vicieux dans lequel je me perdais s'est tout à coup transformé en cercle vertueux. Moins de stress = retour de mes rêves = retour des ailes qui poussent dans le dos = j'ose tout simplement prendre contact avec certaines personnes = le culot paye ! = me voilà à réaliser une partie de mon rêve professionnel en travaillant pour un de mes groupes français préférés de passage au Québec : Debout Sur Le Zinc ! Et voilà !

Bref, je n'ai pourtant jamais eu l'impression d'avoir des envies et des projets démesurés, mais ces temps-ci rien en France n'est fait pour faciliter l'insertion des jeunes dans la vie adulte. Nos rêves fous sont remplacés par des souhaits bien trop terre à terre : je ne trouve pas qu'il soit normal à 20 ans de juste espérer être capable de payer un loyer avec son salaire. C'est aberrant. On verra si le changement de cap de la politique française changera un peu ça dans prochaines années, sachant que la situation ne pourrait que difficilement être pire !



4 commentaires:

  1. Je suis bien d'accord avec toi !! bien que le sujet mériterai surement d'être un peu plus creuser !!!
    Perso, la situation française actuelle donnerai effectivement des sueurs froides.... pourtant plus le temps passe et moins j'imagine mon avenir ici.
    Meme si les gens sont incroyablement ouverts de prime abord, je pense justement que c'est en profondeur que ca pêche .... enfin c'est la que je ressent un manque pour ma part .

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. je suis trop d'accord avec toi funambulle ;) ! comptes sur moi pour épiloguer sur le sujet dans un prochain article, c'est certain !

      Supprimer
  2. Excusez moi mais...j'ai juste bloqué sur le Franbec ! c'est tellement over true de la mort qui tue la ptite vache ! ( Désolé, problème d'eau dans le cerveau ^^ )
    Bref, j'adore l'idée.
    F..French Man

    RépondreSupprimer
  3. Et bien ma Québrancaise préférée, j’ai adoré te lire et en apprendre plus sur ta décision de venir t’installer dans notre beau pays ❤️

    RépondreSupprimer